Par Antony Hickling
COPI
Le mot « Queer » provient du langage de la rue et qualifie de manière désobligeante, insultante et dégradante l’homosexuel.
Cependant, comme l’indique Marie-Hélène Bourcier[1], « donner une définition du terme « Queer » est difficile. Le réflexe a récemment été pris de consulter le dictionnaire français, anglais pour y constater que « Queer » a pu vouloir dire quelque chose comme « sale pédé » et par extension « bizarre, étrange ». Mais que l’incroyable violence du propos est difficilement restituable en français. »
En 2004, j’ai mis en scène une pièce de Copi, « L’homosexuel, ou la difficulté de s’exprimer ». C’est cette dernière qui m’a poussé à entrer dans sa vie. J’ai été appréhendé par son mécontentement, ainsi que découvert son obscurité, son angoisse et son penchant sadomasochiste.
Ses écrits, aux sujets condamnables pour une société bien pensante, prennent inévitablement leur essence dans son mal-être, ses peurs, dans les oppressions subies et dans son espoir de justice et d’égalité. Son œuvre s’inspire de sa sexualité, et sa sexualité s’exprime par son œuvre. Mais alors Copi doit-il être considéré comme un auteur « Queer » ?
La performance « Queer Copi ou Copi Queer ?»
Une danseuse égyptienne qui danse tandis qu’un homme habillé en costard fait la cuisine. L’odeur de l’œuf et du saucisson accompagne la musique orientale et l’image de la femme sensuelle que danse pour le public. A la fin, le repas est offert pour un spectateur.
Une cassette enregistrée qui offre des confessions intimes devenues publiques lorsque quelqu’un s’habille en femme.
La scène est confondue avec l’audience, le quotidien et l’illusion du théâtre ne font qu’un seul corps. Le privé devient public et la performance n’est plus protégée par la convention du théâtre.
Je meurs. À cet instant, un danseur travesti en femme, arrivant du fond de la salle, permet de surprendre le spectateur, tout en le confrontant à sa propre sexualité et son propre questionnement. Suis-je vraiment mort ? Est-on dans un rêve ?
Le danseur est peut-être aussi le symbole d’un ange salvateur. Mais dès que je me réveille ou que je ressuscite, il disparaît.
Entre réalité et imaginaire, peut-être que je me plonge dans un profond sommeil.
À la fin de cette danse érotique décalée, il m’embrasse sur le front. Avant même que j’aie le temps de me réveiller, il est, encore une fois, disparu.
Mais on ne sait toujours pas qui il est. Un ange ? La deuxième chance que peut m’offrir la vie ? Comme dans l’univers de Copi, tout est fait pour que l’on puisse jongler avec le réel et l’imaginaire.
La performance s’arrête brutalement. Elle finit là où elle a commencé, à la même place. Il n’y a donc peut-être ni début ni fin. Avons-nous rêvé ? Mais alors qu’est-ce que c’étaient ces confessions ? Qui était ce personnage ? Leur imaginaire ? Leur inconscient ?
Pourquoi ?
Les motivations qui m’ont poussé à choisir le format contemporain de « la performance » se retrouvent dans son caractère expérimental, inachevé, toujours en évolution en fonction des connaissances et de la maturité. « La performance » est sans règle, sans frontière. Elle répond aux exigences de créativité, loin des obligations et des règles du théâtre classique et traditionnel.
À ce stade, la forme étant définitivement admise, j’ai dû choisir précisément certains thèmes « Queer » abordés dans l’œuvre de Copi. J’ai trouvé que les thématiques de la mort, du SIDA, de la sexualité, de l’absurde, de l’aveu et de la honte étaient les plus représentatifs. À ces thèmes, j’ai voulu associer les expériences personnelles. Cet aspect personnel et autobiographique m’ouvrait la porte d’une interactivité avec les spectateurs, mais aussi celle du jeu entre l’imaginaire et le réel, cette dualité se retrouvant souvent chez les artistes « Queer » Genet, Cocteau, Derek Jarman….
Cette astuce me permet de souligner la complexité de toute sexualité.
Pendant la première partie, personne ne peut se douter qu’en dessous de mes habits se trouve un autre costume, une autre personnalité avec ses contradictions et ses sexualités.
Face au personnage, l’audience se crée ses premiers jugements. Mais avec le changement et la féminité dévoilée, les spectateurs sont amenés vers d’autres conclusions. Ils découvrent un nouvel aspect, et peut-être pas le seul, de la sexualité du personnage.
On est conduit sur les chemins de la superposition, de la confusion des vies. On ne découvre pas immédiatement les sexualités enfouies et cachées. Elles apparaissent en provoquant un effet de trouble et de surprise.
Cette mise en scène est aussi là pour déstabiliser les spectateurs, mais surtout pour aller au-delà des conventions du théâtre.
Ces éléments de rupture des règles et de déstabilisation sont tout à fait des paramètres d’une créativité « Queer ».
Mon art n’est ni complet ni fini. Il s’agit d’un travail en évolution, cru et en pleine recherche.
Mise en scène, création et performance :
Antony Hickling
Participation sur scène :
Biño Sauitzvy, Magali Gaudou et Nadège Dorion
[1] Bourcier Marie-Hélène « Queer Zones : politiques des identités sexuelles, des représentation et des savoirs», édition Ballard, 2001, page 177
COPI
Le mot « Queer » provient du langage de la rue et qualifie de manière désobligeante, insultante et dégradante l’homosexuel.
Cependant, comme l’indique Marie-Hélène Bourcier[1], « donner une définition du terme « Queer » est difficile. Le réflexe a récemment été pris de consulter le dictionnaire français, anglais pour y constater que « Queer » a pu vouloir dire quelque chose comme « sale pédé » et par extension « bizarre, étrange ». Mais que l’incroyable violence du propos est difficilement restituable en français. »
En 2004, j’ai mis en scène une pièce de Copi, « L’homosexuel, ou la difficulté de s’exprimer ». C’est cette dernière qui m’a poussé à entrer dans sa vie. J’ai été appréhendé par son mécontentement, ainsi que découvert son obscurité, son angoisse et son penchant sadomasochiste.
Ses écrits, aux sujets condamnables pour une société bien pensante, prennent inévitablement leur essence dans son mal-être, ses peurs, dans les oppressions subies et dans son espoir de justice et d’égalité. Son œuvre s’inspire de sa sexualité, et sa sexualité s’exprime par son œuvre. Mais alors Copi doit-il être considéré comme un auteur « Queer » ?
La performance « Queer Copi ou Copi Queer ?»
Une danseuse égyptienne qui danse tandis qu’un homme habillé en costard fait la cuisine. L’odeur de l’œuf et du saucisson accompagne la musique orientale et l’image de la femme sensuelle que danse pour le public. A la fin, le repas est offert pour un spectateur.
Une cassette enregistrée qui offre des confessions intimes devenues publiques lorsque quelqu’un s’habille en femme.
La scène est confondue avec l’audience, le quotidien et l’illusion du théâtre ne font qu’un seul corps. Le privé devient public et la performance n’est plus protégée par la convention du théâtre.
Je meurs. À cet instant, un danseur travesti en femme, arrivant du fond de la salle, permet de surprendre le spectateur, tout en le confrontant à sa propre sexualité et son propre questionnement. Suis-je vraiment mort ? Est-on dans un rêve ?
Le danseur est peut-être aussi le symbole d’un ange salvateur. Mais dès que je me réveille ou que je ressuscite, il disparaît.
Entre réalité et imaginaire, peut-être que je me plonge dans un profond sommeil.
À la fin de cette danse érotique décalée, il m’embrasse sur le front. Avant même que j’aie le temps de me réveiller, il est, encore une fois, disparu.
Mais on ne sait toujours pas qui il est. Un ange ? La deuxième chance que peut m’offrir la vie ? Comme dans l’univers de Copi, tout est fait pour que l’on puisse jongler avec le réel et l’imaginaire.
La performance s’arrête brutalement. Elle finit là où elle a commencé, à la même place. Il n’y a donc peut-être ni début ni fin. Avons-nous rêvé ? Mais alors qu’est-ce que c’étaient ces confessions ? Qui était ce personnage ? Leur imaginaire ? Leur inconscient ?
Pourquoi ?
Les motivations qui m’ont poussé à choisir le format contemporain de « la performance » se retrouvent dans son caractère expérimental, inachevé, toujours en évolution en fonction des connaissances et de la maturité. « La performance » est sans règle, sans frontière. Elle répond aux exigences de créativité, loin des obligations et des règles du théâtre classique et traditionnel.
À ce stade, la forme étant définitivement admise, j’ai dû choisir précisément certains thèmes « Queer » abordés dans l’œuvre de Copi. J’ai trouvé que les thématiques de la mort, du SIDA, de la sexualité, de l’absurde, de l’aveu et de la honte étaient les plus représentatifs. À ces thèmes, j’ai voulu associer les expériences personnelles. Cet aspect personnel et autobiographique m’ouvrait la porte d’une interactivité avec les spectateurs, mais aussi celle du jeu entre l’imaginaire et le réel, cette dualité se retrouvant souvent chez les artistes « Queer » Genet, Cocteau, Derek Jarman….
Cette astuce me permet de souligner la complexité de toute sexualité.
Pendant la première partie, personne ne peut se douter qu’en dessous de mes habits se trouve un autre costume, une autre personnalité avec ses contradictions et ses sexualités.
Face au personnage, l’audience se crée ses premiers jugements. Mais avec le changement et la féminité dévoilée, les spectateurs sont amenés vers d’autres conclusions. Ils découvrent un nouvel aspect, et peut-être pas le seul, de la sexualité du personnage.
On est conduit sur les chemins de la superposition, de la confusion des vies. On ne découvre pas immédiatement les sexualités enfouies et cachées. Elles apparaissent en provoquant un effet de trouble et de surprise.
Cette mise en scène est aussi là pour déstabiliser les spectateurs, mais surtout pour aller au-delà des conventions du théâtre.
Ces éléments de rupture des règles et de déstabilisation sont tout à fait des paramètres d’une créativité « Queer ».
Mon art n’est ni complet ni fini. Il s’agit d’un travail en évolution, cru et en pleine recherche.
Mise en scène, création et performance :
Antony Hickling
Participation sur scène :
Biño Sauitzvy, Magali Gaudou et Nadège Dorion
[1] Bourcier Marie-Hélène « Queer Zones : politiques des identités sexuelles, des représentation et des savoirs», édition Ballard, 2001, page 177